L’Europe face aux défis du marché du travail
Malgré les successions de crises ces dernières années et le ralentissement de la croissance, le marché du travail européen semble se porter au mieux affichant un taux d’emploi record (74,6% en 2022). L’UE se rapproche ainsi de son objectif de Porto qu’au moins 78% des personnes entre 20 et 64 ans aient un emploi à l’horizon 2030.
L’année 2023 n’a cependant pas été dédiée aux compétences sans raison. En effet, l’inadéquation et la pénurie de compétences et de main d’œuvre restent, d’après le rapport annuel sur l’emploi et les développements sociaux (ESDE), des défis majeurs exacerbés par les transitions écologique et numérique pouvant à terme entraver l’innovation et la compétitivité européenne. Si le marché intérieur offre des opportunités d’emploi élargies, le rapport sur la mobilité de la main d’œuvre de l’UE, détaillé à la « page spéciale mobilité » de ce Reif-Info, montre que la mobilité intra-européenne n’est pas toujours en mesure de combler ces lacunes.
Pour faire face à ces défis, des solutions innovantes émergent en Europe. L’organisation Caritas Europa a ainsi organisé ce mois-ci un webinaire présentant le projet de garantie européenne pour l’emploi promu par le Parlement européen et le Comité européen des régions. Avec ce mécanisme s’inspirant d’une expérimentation française, les chômeurs auraient la possibilité de développer des compétences dans le domaine de la transition écologique.
En outre, le rapport annuel sur la prospective stratégique de la Commission européenne s’interroge cette année sur la durabilité et le bien-être des personnes, mentionnant la pénurie de compétences parmi les six défis clés. Elle y invite les États membres à développer des indicateurs alternatifs au PIB en tenant compte des progrès en matière de santé ou d’éducation, à adopter une fiscalité pesant moins sur le travail, ou encore à adapter les systèmes de protection sociale aux nouvelles formes d’emploi atypiques ainsi qu’aux défis climatiques.
La question du bien-être au travail gagne également en visibilité dans le débat public, par exemple avec sa prise en compte dans le récent appel du Comité économique et social européen à traduire la communication de la Commission sur la santé mentale en une stratégie européenne. De plus en plus, le travail doit « avoir du sens », en répondant par exemple à une utilité sociale ou en contribuant à la transition écologique. Il n’occupe désormais plus nécessairement une place centrale dans la vie des individus qui demandent davantage de flexibilité, en témoigne l’essor du télétravail qui a conduit les pays européens à adopter le 1er juillet un accord-cadre sur le télétravail transfrontalier, qui sera détaillé à la page spéciale mobilité d’un prochain Reif-Info.
Les évolutions du monde du travail ne sont ainsi pas sans poser de nouveaux défis aux organisations de protection sociale. À cet égard, nous sommes heureux de vous annoncer la publication d’un Mémorandum, élaboré avec nos homologues réunis au sein de la Plateforme européenne de sécurité sociale (Esip), qui propose des recommandations à l’attention des décideurs européens de la prochaine mandature et abordant de multiples enjeux : protection sociale des indépendants, impacts de la transition climatique sur les travailleurs, santé mentale...Qui plus est, le thème du travail sera mis à l’honneur lors d’une conférence de l’Esip organisée le 12 octobre afin d’échanger sur les défis et opportunités qu’offrent ces évolutions pour les systèmes de protection sociale. N’attendez-pas pour vous inscrire !
L’équipe Reif
Anne-Claire, Benjamin et Adèle
