Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail : les impacts de la numérisation
À l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, célébrée le 28 avril, l’Organisation internationale du travail (OIT) a publié, en collaboration avec l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA), un rapport consacré aux impacts de l’intelligence artificielle et de la numérisation sur la santé et la sécurité au travail. Structuré autour de deux axes - le premier portant sur les transformations de la SST induites par la numérisation, le second sur les politiques, initiatives et limites en matière de SST à l’ère numérique - ce rapport aborde des thématiques telles que l’automatisation des tâches, le travail à distance et hybride, la gestion des travailleurs par l’IA ou encore les systèmes de contrôle intelligents en matière de SST.
Le rapport met ainsi en évidence les améliorations en matière de SST permises par l’IA et les outils numériques, en particulier la réduction des expositions à des environnements et substances dangereuses, la prévention des risques d’accidents du travail, l’amélioration des conditions de travail et l’optimisation de l’organisation du travail. Ainsi, les robots sont de plus en plus utilisés pour remplacer les travailleurs dans des tâches dangereuses et des environnements à haut risque : ils permettent par exemple la supervision à distance dans les secteurs de la construction et de l’exploitation minière, et, dans le secteur de la santé, permettent une moindre exposition aux radiations. De même, les technologies de surveillance et les capteurs alimentés par l’IA permettent d’identifier de manière préventive les dangers, de surveiller les conditions environnementales et de prédire de potentielles défaillances. Cependant, le rapport identifie aussi certains risques liés à ces évolutions : défaillances techniques, risques ergonomiques, physiques et psychosociaux, surveillance accrue, intensification du travail, atteintes à la vie privée, etc.
Concernant les mesures mises en place aux différentes échelles pour utiliser et encadrer ces nouveaux outils, le rapport souligne la pertinence des conventions de 1981 et 2006 sur la sécurité et la santé au travail, adoptées sous l’égide de l’OIT. Ces textes offrent un cadre compréhensif, qui inclue les transformations numériques. Par ailleurs, l’OIT soutient les recherches internationales sur les plateformes numériques, le management algorithmique et les chaines d’approvisionnement en IA. Elle a également lancé récemment un Observatoire sur l’IA et le travail dans l'économie numérique, destiné à accompagner les gouvernements et les partenaires sociaux dans la gestion de la transformation numérique.
Au niveau régional, le rapport constate que si certains pays – notamment en Europe, du fait d’un corpus européen jugé avancé - intègrent la numérisation dans les cadres politiques spécifiques de SST, d’autres l’abordent de manière plus indirecte, en lien avec des considérations plus larges sur l’utilisation éthique de l’IA et la transition numérique. Le rapport identifie plusieurs axes de développement législatif prioritaires : la mise à jour des réglementations en matière de sécurité robotique, le droit à la déconnexion, ainsi que l’extension de la SST au travail à distance et sur plateforme. Il insiste également sur l’importance des campagnes de sensibilisation et des initiatives de formation à destination des travailleurs.
Pour en savoir plus : https://osha.europa.eu/fr/highlights/eu-osha-highlighted-impact-digitalisation-world-day-safety-and-health-work
