La même chanson
Cette année, on peut jouer à Bruxelles à une variante du Whamageddon, ce jeu où l’on gagne le soir du réveillon de Noël si l’on n’a pas entendu Last Christmas, du groupe britannique Wham, durant l’ensemble du mois de décembre. Dans sa version européenne, le Dragheddon consisterait à ne pas avoir entendu parler du rapport sur la compétitivité européenne de l’ancien président du Conseil italien Mario Draghi. Une gageure dans les deux cas.
Force est de constater que 3 mois après sa publication, l’écho du rapport ne faiblit pas. Ainsi, en décembre, il a été l’objet d’un échange de vues au Conseil affaires générales, d’un débat des ministres de la santé au Conseil EPSCO, d’un autre en commission parlementaire du commerce extérieur ou encore de 14 interventions ou questions d’eurodéputés. Comme tant d’autres observateurs et acteurs de la politique européenne, l’équipe Reif a déjà perdu le Dragheddon. C’est peut-être aussi votre cas car, fait notable, le rapport bénéficie également d’une importante couverture nationale.
En présentant le programme de la présidence polonaise du Conseil, qui débutera le 1er janvier 2025 (voir brève), la représentante permanente Agnieszka Bartol a affirmé son intention de travailler sur l’ensemble des aspects du rapport. Du côté de la Commission, si le programme de travail 2025 n’est désormais plus attendu avant mi-février, la présidente a d’ores et déjà annoncé la création d’une task force destinée à transformer les recommandations de l’ancien président de la BCE en propositions législatives concrètes (voir brève sur l’entrée en fonction de la nouvelle Commission).
Reste à savoir jusqu’à quel point le rapport étendra son influence au-delà des politiques économiques. L’on peut craindre par exemple que la priorité donnée par l’Union européenne, dans le domaine pharmaceutique, à l’innovation par rapport à l’accès et au caractère abordable, ne sorte renforcée du débat organisé en Conseil EPSCO (voir supra). La préoccupation de l’amélioration de la compétitivité européenne devrait également largement abonder la future loi sur les médicaments critiques, initialement essentiellement destinée à assurer la sécurité d’approvisionnement du continent.
Remanié pour inclure les droits sociaux, le nouvel intitulé du portefeuille de la commissaire Roxana Mînzatu conserve en son cœur les compétences. Celles-ci devraient constituer un axe d’intervention majeur de la nouvelle Commission, qui entend aider les États membres à répondre aux pénuries de main d’œuvre dans un contexte de triple transition démographique, numérique et verte. Pour important qu’il soit, il serait néanmoins dommageable que ce prisme soit le seul par lequel les politiques sociales soient envisagées lors des 5 ans à venir. Puisqu’il semble désormais nécessaire de justifier de mener des politiques sociales ambitieuses, rappelons que la déclaration de La Hulpe signée lors d’un Sommet sous présidence belge en avril dernier mentionnait à juste titre que des sociétés inclusives sont un important facteur de compétitivité.
C’est une des lignes que la Reif s’attachera à défendre en 2025. D’ici là, l’ensemble de ses membres et de son équipe vous souhaite à tous d’excellentes fêtes de fin d’année.
L’équipe Reif – Anne-Claire, Benjamin et Adèle